Genèse

INDEX

Point de départ

janvier 2016

Le nouveau groupe qui vient de s’inscrire à l’atelier d’écriture ne sait pas encore qu’il embarque sur une aventure narrative qui va les mener à faire une découverte formidable !

Accompagné par le réalisateur Fabrice Chiambretto, l’Atelier Fiction a réalisé une vingtaine de courts métrages en 15 ans de pratique régulière d’un langage filmé qui questionne le monde et tente d’apporter des idées pour vivre mieux.

Les sujets que les groupes choisissent sont souvent liés aux besoins et désirs des participants. Ils savent que le cinéma a la force du rêve et le pouvoir de rendre réelle l’irréalité, même si c’est une illusion… Mais qui sait ? Le processus de création d’un court métrage va mener encore une fois tout un groupe, plus loin que la fiction.

Après quelques rencontres hebdomadaires, la question que le groupe va tenter de répondre au moyen d’un film est la suivante :

« L’être humain peut-il se connecter à l’autre
autrement que par la petite porte de la bouche ? »

La consigne, liée au besoin de réalisme, amène les participants à imaginer un système de rencontre qui place, à chances égales, les personnes à l’aise oralement et celles qui le sont moins ou qui ne parlent pas du tout.

(photo Atelier Fiction)

Quelques notes des séances d’écriture :

  • des rencontres du regard silencieuses
  • des box individuels avec des rideaux dévoilant 2 participants
  • décors apaisant
  • silence total

Première évocation d’un espace de rencontre silencieuse et intime qui deviendra la Chambre des Regards.

Marina Abramovic

février 2016

Suite à des recherches sur internet, le groupe de l’Atelier Fiction découvre une artiste qui a réalisé une performance en 2010 ; Marina Abramovic invite sur scène le public à s’asseoir face à elle pour une expérience du regard à deux. Pendant 3 mois, la scène du MOMA de New York se transforme en lieu-source d’émotions fortes.

 

D’autres expériences, d’autres pratiques, amènent le groupe a découvrir que le regard est source d’émotion, capteur de chaleurs humaines et qu’il est surtout accessible à tous ! L’association Liberators International organise régulièrement des rencontres du regard dans le monde entier. Leur accroche est pertinente et la mobilisation qu’ils permettent est assez incroyable :

Que sont devenues nos connexions humaines ?
Là où les mots échouent, les yeux parlent.
Laissez vos yeux vous désirez.

Une étude scientifique affirme que fixer quelqu’un dans les yeux pendant 4 minutes augmente l’intimité.

Forts de cette direction, les participants commencent à imaginer qui pourraient être les protagonistes d’une histoire dont l’actrice principale serait une Chambre des Regards. Quels profils ? Leurs besoins, objectifs, quelle démarche individuelle ? Ces questions dépassent la fiction et nous échangeons longuement sur les questions existentielles que suggèrent notre thème.

Afin de mieux décrire le ressenti des personnages lors des rencontres du regards, le groupe décide d’expérimenter ces rencontres du regard entre eux.

Laboratoire du réel

mars 2016

Deux par deux, face à face, sans parler pendant 4 minutes.
À la fin de l’expérience, nous recueillons les impressions, une aide à l’inspiration.

(photo Atelier Fiction)

Annabelle Milesi et Grégory Kopp

Annabelle Milesi

Grégory Kopp

– Pour moi c’était un exercice de concentration.
– Ça fait parler avec le cœur.

Hassen Benhadallah et Christelle Llopis

Hassen Benhadallah

Christelle Llopis

– Je lui ai touché la main et il est revenu dans mon regard.
– J’ai plongé dans ses yeux.

Guilhem Billion et Alain Mohssen Awali

Guilhem Billion

Alain Mohssen Awali

– C’est difficile avec un homme.
– On se parle avec les yeux, dans la tête, c’est excellent !

Sandra Lentini et Rémi Boudelan

Sandra Lentini

Rémi Boudelan

Pour faciliter l’interprétation des rôles avec des issues amoureuses, les couples dans le centre sont recensés. L’observateur s’appellera LÉO et sera joué par quelqu’un qui ne peut communiquer oralement, avec un ordinateur embarqué sur sa tablette pour sélectionner les photos des personnes « repérées ».

Pour les autres protagonistes, une audition sera organisée en vue de choisir les meilleurs regards. C’est une aide à l’écriture du scénario les acteurs qui interpréteront les rôles sont connus. Une écriture sur-mesure !

Auditions de regards

avril 2016

4 séances de 2 h qui ont permis à une soixantaine de candidats de passer un casting et faire l’expérience du regard.

(photo Atelier Fiction)

Hall d’entrée des Jardins de Meyzieu

Charlotte Belliot

Hall d’entrée des Jardins de Meyzieu

Charlotte Belliot

Juste avant de commencer les 4 minutes silencieuses, qui étaient filmées, il était proposé aux participants la consigne suivante : « Trouvez du plaisir à vous regarder, soyez juste vous-mêmes. Laissez parler vos yeux et votre visage pour que votre cœur s’exprime. »

Rémi Boudelan et Fleurine Saugnieux

Pascale et Guilhem

Rémi Boudelan

Fleurine Saugnieux

Pascale et Guilhem

Une fois les caméras en route, les deux participants se retrouvaient seuls. À la fin des 4 minutes, les participants volontaires pouvaient laisser leurs impressions.

Charlotte Belliot et Florence Fauvain

Rémi Trippoz

Charlotte Belliot et Florence Fauvain

Rémi Trippoz

Rapidement, le groupe a mesuré à quel point ils touchaient à quelque chose de nouveau dans la relation à l’autre.

Véronique Méret et Camille

Véronique Méret

Camille

– C’est une expérience, je trouve, très forte.
– C’est long, 4 minutes de regard. C’est déroutant.
– On a l’habitude de rassurer les gens avec des mots, en fait. Mais quand on peut pas avoir la ressource du langage pour rassurer quelqu’un, c’est difficile.
– Ça fait bizarre, parce que, parce que je suis pas habitué. C’est comme si…C’est comme si je te regarde et que… On se dit rien. Et que tout se… qu’on essaie de se découvrir, en fait.

Sandra Lentini et Daniel Elgueta

Sandra Lentini

Daniel Elgueta

– Quand tu faisais un petit sourire je faisais un petit sourire. On a envie de répondre à l’expression qu’il y a en face. Mais c’est très bizarre, parce qu’il y a des moments on sent vraiment que t’es ailleurs ou dans tes pensées. Et du coup moi ça m’obligeait à être dans mes pensées. Donc ça fait assez miroir.
– Le fait d’être en lien avec B. par le regard, j’ai senti la rencontre des émotions. J’ai vraiment senti les deux énergies.
– J’ai fait que la regarder, mais elle a rigolé, rigolé, rigolé !
– Il m’a fait rire.
– Entre toi et moi, j’ai ressenti quelque chose.

Mustapha Chellal et Adeline Pellet

Mustapha Chellal

Adeline Pellet

– Il y a quelque chose… Il y a une communication qui se fait. Sans qu’on comprenne bien. Mais en tous cas c’est agréable. Il y a quelque chose de calme qui se fait au bout d’un moment.
– Et moi je t’ai envoyé quelque chose de mon cœur qui s’emboîtait encore plus.
– On est passé à un moment, à un stade où c’était beaucoup plus confortable de soutenir le regard.
– Je trouve pas ça naturel, pour moi.
– C’est super dur ton truc, hein ! Moi je trouve ça vachement difficile. En plus, c’est vrai qu’on se connait pas du tout. On s’habitue. Enfin, c’est pas qu’on s’habitue, on se sent mieux.

Lionel Urbano et Agnès France

Lionel Urbano

Agnès France

– Il y a eu cette proximité qui fait que je l’ai tutoyé, alors que c’est quelqu’un que je vouvoie, comme tous les autres résidents. Et tout de suite à la fin, ça m’a échappé comme ça et c’est parce que voilà, je sais pas. Comme s’il y avait eu une proximité au-delà de la relation qu’on a pu avoir jusqu’à maintenant.
– Y a eu beaucoup de tensions entre nous, ça m’a remis à peut-être à faire des trucs avec elle.
– On est sur un autre mode de communication où on transmet, voilà …, peut être une intention, peut être des idées déjà préconçues de l’autre.
– On est en face de ce qui fait, ce qui représente la personne sans artifice.

Retranscriptions réalisées par Houria et Gérard Aptel

Dessine moi un espace !

16 juin 2016

Munis d’un montage vidéo des plus beaux regards et des plans de notre Chambre idéale, nous rencontrons deux professionnelles de l’accompagnement de projets artistiques et culturels à Lyon. Elles trouvent le projet très intéressant mais regrettent le manque d’ouverture avec le milieu ordinaire. Elles nous conseillent aussi de considérer la dimension architecturale qui s’impose à notre réalisation.

De retour à l’Atelier, le groupe recherche quel architecte pourrait répondre à ce besoin de décor. Le site internet de l’architecte d’intérieur Lyonnais Richard Bagur, interpelle. Il conçoit la rencontre avec l’autre par l’inconscient, un peu comme deux icebergs :

« Les personnes se rencontrent d’abord par les parties immergées. »

Cette métaphore poétique amène les participants à philosopher sur les bienfaits du regard si on sait prendre le temps.
Ce premier contact nous conduit à présenter notre projet au Pôle Action des Architectes d’Intérieur Auvergne Rhône-Alpes dont Richard Bagur est le vice président.

Rencontre avec les architectes d'intérieur

8 décembre 2016

Richard Bagur et le président du Pôle Action David Besson, sont invités à rencontrer l’équipe de l’Atelier Fiction afin d’échanger sur le projet et répondre aux questions des résidents du centre et des professionnels présents. L’événement a lieu dans le Grand Hall des Arts des Jardins de Meyzieu ODYNÉO le jour de la Fête des Lumières, c’est un bon présage !

De gauche à droite : Richard Bagur, David Besson, Abderamane Atoussi, Najia Chickhaoui, Lionel Urbano, Christian Hargé, Damien Alga, Joris Vadi, Martin Barre, Claire Ainé, Laurence Trouyez, Rémi Boudelan, Alain Mohssen Awali, Marjorie Loubet, Fleurine Saugnieux ; de dos : Sandra Lentini, Pierre-Henru Pfeiffer, Carine Foillard.
(photo Atelier Fiction)

La rencontre est chaleureuse et permet à chacun de mesurer l’envergure du projet. Les deux architectes proposent de constituer un comité d’étude pour concevoir et fabriquer la Chambre des Regards !

Un décor de cinéma oui, mais aussi un outil de bien-être !

Grâce à Rémi Boudelan qui a filmé la rencontre, l’Atelier Fiction s’attelle au montage d’un film de présentation qui restitue quelques paroles échangées lors de la rencontre et des images de regards issues de nos auditions.

Pour une lecture économique, voici les 4 séquences musicales mettant en scène les plus beaux regards.

Les paroles de la chanson de Zaz « La Lessive », son rythme et sa profondeur exprime peut-être à elle-seule la lecture poétique de notre dispositif. Expérience du regard, expérience de la vie.

Salon Handica 2017

9 juin 2017

Visite au Salon Handica avec 3 participants de l’Atelier Fiction, Quendrim Sadiki, Lionel Urbano, Grégory Kopp et Fabrice Chiambretto.

(photo Atelier Fiction)

Rencontre avec François Lejeune de l’association Ants, partenaire de l’ENS-Lyon pour ses recherches en neuro-rééducation. Ça donne des idées !

Étude du Pôle Action

15 juin 2017

Suite à un questionnaire soumis par les architectes CFAI du Pôle Action, Richard Bagur et David Besson nous présentent leur étude conceptuelle de leur Chambre des Regards.

Le fruit de leur recherche est un rêve universel qui mêle habitat, légèreté et humanité. C’est déjà fantastique !

De gauche à droite : Quendrim Sadiki, Christine Daniel, Lionel Urbano, Grégory Kopp, Najia Chickhaoui- Ducarre, Aline Pobel, Marjorie Loubet, Laurence Trouyez, David Besson, Guilhem Billion et Richard Bagur.
(photo : Fabrice Chiambretto)

Salon Handica 2019 - Village associatif Handimat

5 et 6 juin 2019

L’Atelier Fiction faisait parti des exposants au Salon HANDICA 2019.
3 DVD vendus, mais de belles rencontres et enthousiastes autour du projet de Chambre des regards !